Chez nous, on vote le samedi.
Certes, on n’impose rien. Mais valider une présence commune d’au moins trois heures pour plus de vingt personnes demande à minima cette planification.
Et voter en ligne ? Et non, chez nous, on discute et on débat 🙂
Donc ce samedi 22 novembre, à 14h30, nous sommes une vingtaine de présents sous la véranda, dont des votants, qui sont aussi candidats, des facilitateurs et des observateurs. Il faut presque pousser les murs, mais au moins, on n’a pas froid.
Se découvrir
Le·la facilitateur, c’est un peu le G.O. du groupe. Et chez Démocratie Courtoise, on en a de très bons. Comment briser la glace, échanger les uns les autres sans forcément rester avec des connaissances. On nous propose donc de courtes séquences, en duo, sur des questions, de plus en plus profondes, permettant d’avoir à réfléchir sur nos propos et d’écouter attentivement les réponses du partenaire du moment. Tout en déambulant, afin de varier places et binômes.
Puis, vient le débat mouvant. Où l’on se positionne selon la réponse qu’on donnerait à une question politique. Idéal pour les plus discrets, et positif pour ceux qui veulent argumenter sur leur position choisie.
Enfin, un temps de groupe, selon nos emplacements du moment, avec 5 minutes de réflexion, et une synthèse rapide, sur nos idées et projets pour le groupe.
Après tous ces brise-glaces, les cerveaux sont chauffés (qui a dit bouillis ?) et il est l’heure de profiter d’une pause commune autour d’un buffet partagé. C’est le moment de reprendre des forces, on est qu’au début…
Élire
Le but de l’après-midi, c’est de choisir notre tête de liste. Pour rappel rapide, on vote aux élections municipales pour une liste de noms, dans laquelle l’un de ces noms est le premier. Il est d’usage, si la liste arrive en tête, qu’il soit élu maire au premier conseil municipal.
Mais chez nous, plutôt que d’avoir un nom qui s’impose tête de liste et qui choisisse ses colistiers, ce sont les colistiers qui choisissent la tête. Ou comment faire de la démocratie tout en restant courtois.
Et pour vraiment pas faire comme tout le monde, il n’y a pas de candidat…
Donc pas de tête, pas de candidats, mais 17 électeurs.
Le principe est simple. On élit sans candidat 🙂
En cercle, chacun son tour, on donne les qualités attendues pour le rôle de tête de liste. Et par conséquent, de maire. Chacun avec son histoire, ses idées, son éducation, voir des critères différents.
Ce moment est assez incroyable dans le sens où la ou les idées qu’on a au départ sur le rôle évoluent selon les propos de chacun. Certes, passer en dernier impose un peu de répéter d’innover ou de fuir par une pirouette, mais c’est le principe d’un cercle…
Et donc une fois ces attendus clarifiés, chacun vote en transparence, pour un candidat qui ne s’est pas déclaré.
Il est possible de voter pour soi, mais pas blanc, ni nul. Et les votes étant non-anonyme, on assume son choix.
Mais dans la bienveillance, chacun exprime ensuite, dans l’ordre aléatoire du dépouillement, la raison de son vote. Qui sont comptabilisés. Mais qui ne comptent pas pour le résultat…
Après écoute attentive des arguments, il est alors possible pour chacun de finalement reporter son vote sur un candidat, ce qui permet à la fois de se relier à une majorité logique, ou au contraire de se renforcer dans l’idée qu’on se faisait de son propre candidat. C’est ce qui arrivera pour une personne ce jour-là.
Mais comme indiqué, le candidat arrivé avec le plus de suffrage n’est pas automatiquement élu. C’est après avoir entendu l’ensemble des votants qu’il est offert, à qui le souhaite, de proposer un nom. Ce qui a été fait. Et vient ensuite un tour d’objection, où chacun est invité à se prononcer sur une objection qu’il ou elle aurait contre le fait que le candidat évoqué devienne tête de liste. Et cette objection doit porter sur l’effet sur le groupe, ou qu’il mette en risque le projet, et non sur une préférence personnelle… Ce samedi, 4 objections ont été émises. Qui sont ensuite ouvertes au débat.
Ce moment est assez fort, car il permet à la fois de voir les personnes sous un angle nouveau, de se projeter sur les personnalités appliquées au rôle de Maire, ou tout du moins de représentant de Démocratie Courtoise pendant la campagne à venir. Il est même tellement fort, qu’une nouvelle pause s’impose.
Mais malgré les gâteaux, tisanes et café, l’instant est trop important pour y trouver une issue, à l’instant.
A la reprise, la facilitation explique clairement qu’après les échanges et explications des uns et des autres, une seule objection restante arrêtera le processus. Et c’est ce qui arriva ce jour-là.
On peut donc considérer « tout ça pour ça », mais pour ma part, ce fut un déclic sur la réalité tangible de la gouvernance partagée au sens premier du terme, et sur l’importance de l’intelligence collective. On se prend à réellement écouter attentivement chaque mot, chaque idée, et les siennes propres évoluent ou s’ancrent encore plus fort.
Nous n’avons pas imposé, nous avons écouté, sans nous interrompre, dans le but unique de favoriser le groupe.
J’ai peut-être la naïveté de penser que les égos et les individualités resteront toujours en arrière, mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti ce jour-là.
Poursuivre
Certes, le processus n’a pas permis de repartir avec un nom. Mais en dehors des idées énoncées, il a permis de dégager 5 noms, qui vont être soumis au « Jugement majoritaire ».
Cette autre méthode d’élection permet non pas d’éliminer ou de choisir, mais de donner un critère d’appréciation quantifiable à chaque candidat (ou proposition), ce qui permet selon une méthode mathématique précise, d’arriver à un résultat final. Là encore, l’idée est d’établir un consensus maximal, et non pas d’obtenir un candidat majoritaire élu à 51% ou 55% des voix…
Le groupe aura donc une tête de liste, un nom à mettre en haut, et sera en ordre de marche, en route vers la mairie.
Texte rédigé par Julien

